Bio

Si les cahiers de mathématiques restent désespérément indigents, pas un centimètre carré de papier canson ne résiste à l’envie de peindre, aquareller, dessiner, illustrer du jeune Antoine Helbert.

Les évocations historiques, les scènes moyenâgeuses, les univers imaginaires se multiplient ; ainsi, la seule issue locale possible pour cet adolescent atypique : l’école des Arts Décoratifs de Strasbourg. Il y entre très jeune, s’y passionne pour la peinture, le design, l’illustration, en bref grignote à tous les (r)ateliers et en sort avec un diplôme… d’architecte d’intérieur !

Le ton est donné, la couleur trouvée : l’éclectisme ! Aucune forme d’expression ne résiste longtemps à cet artiste déconcertant, complexe, génial, qui semble pouvoir s’acquitter de tout travail artistique.

Allons-y voir d’un peu plus près, mais de toute évidence l’énumération ne sera pas exhaustive :

  • peintre de décors à l’Opéra National du Rhin il contribue aux scénographies des créations les plus prestigieuses comme :  la flûte enchantée de Mozart, la clémence de Titus de Gluck, la belle Hélène d’Offenbach  avec des plasticiens-décorateurs aussi célèbres… pour la création du Couronnement de Poppée, il agrandit l’œuvre Allégorie du Triomphe de l’Amour du Bronzino à une échelle monumentale : 8 mètres de hauteur.
  • plasticien indépendant il se fait remarquer à travers deux expositions personnelles, Vie secrète et Psychosites. Eclectique toujours, si ses réalisations sont résolument post-modernes il y reproduit, cite, détourne les œuvres des plus grands, du Titien au Caravage en passant par Guido Reni ou François Boucher.
  • Repéré alors par l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg,  il réalisera une première campagne publicitaire très remarquée : « reproduction » de vingt détails d’œuvres de l’histoire de la peinture mondiale, mais les œuvres originales dont ces détails sont agrandis ou recadrés… n’existent pas et n’ont jamais existées. Antoine Helbert est donc capable d’écrire les moments de l’histoire de la peinture au travers d’œuvres fictives. L’année suivante il pratiquera la même démarche pour la sculpture. Puis suivront de nombreuses affiches pour des expositions,  des festivals de musique, des manifestations commerciales ou culturelles.
  • Scénographe il imagine, dessine et met en scène la fête médiéviste de Ribeauvillé en Alsace.
  • la passion du Moyen-Age l’a mené plus récemment à la découverte de la civilisation byzantinequ’il explore en historien érudit et dont il projette de réveiller les fastes ou les affres dans un livre teinté d’un orientalisme très 19ème siècle.
  • éclectique encore, il restaure les fresques de l’Eglise St-Florent de Strasbourg, réalise le rideau de scène en trompe-l’œil du théâtre des Champs-Elysées de Paris qui fera à nouveau appel à lui pour le fond de décor de Don Giovanni. Il vient à présent de terminer la peinture des costumes pour Marc Audibert dans la création Ariodante de Haendel.
  • le voilà incidemment peintre de costumes car enfin lorsqu’il reste du temps libre à ce fou du crayon, du pinceau ou de l’écran, autant qu’il s’adonne à son autre passion : la mode. Le voilà de plein pied parmi les illustrateurs : son univers, des femmes hybrides et baroques tout droit sorties des films de Fellini ou Almodovar ou des fantasmes… helbertiens, « Fashion Women » sensuelles, intemporelles mais dont l’esthétisme est amené à l’extrême du détail.
  • ce n’est pourtant pas par l’une de ces créatures mutantes ou fatales qu’il entre en illustration avec l’Agent 002 mais en compagnie d’un vieux sage japonais respectueusement échappé d’une estampe 18ème qu’il exécute brillamment pour la Française des Jeux, et sa récente création , le sudoku.

Eclectique, je vous l’avais dis, mais prenez garde, Antoine Helbert a de quoi vous étonner encore… !

Michel Rouschmeyer